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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

a peint ce chef-d’œuvre, car cette peinture se détachant, claire, sur un fond noir, est admirable ; le dessin est incisif et très souple, d’une force extraordinaire sous son apparente grâce ; la couleur resplendit d’un éclat inaltéré, semble soudaine ; les plus grands portraitistes de tous les âges n’ont pas serré la nature de plus près et mieux rendu la vie discrète du sang dans les réseaux du derme ; nul surtout n’a mieux reproduit l’âme d’un regard dont l’acuité est telle qu’il vous poursuit au travers des salles et vous ramène quand même à lui ; on le sent dans le dos où qu’on aille et les plus belles œuvres du Musée ne paraissent que des peintures, au sens strict du mot, en comparaison de celle-là qui va plus loin, qui est autre chose, qui pénètre, pour tout dire, dans le territoire de cet au-delà blâmable dont les dangereux anges de Botticelli entrebâillent parfois les portes.