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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

sucrée que laissait dans la bouche la cantarella, la poudre à succession des Papes.

À rêvasser devant cette fillette de Francfort, si prête à délibérément méfaire, je songe forcément au Pape Alexandre VI, à cet espagnol, père de nombreux enfants dont un né de son accouplement avec Lucrèce Borgia, sa fille. Il était peu lettré mais affreusement lubrique ; traître et méchant, avare et cruel, il exhaussa encore l’infamie de son règne, en faisant brûler vif le seul homme vraiment admirable de son temps, le moine Savonarole.

Il fut complet ; et c’est en l’envisageant, c’est en me rappelant sa vie que le portrait de la jeune fille s’anime pour moi et s’éclaire. À défaut de documents, un détail, celui des cheveux, si spécial dans cette œuvre, me sert à m’imaginer que je la précise. Trois ans avant qu’il n’eût coiffé la tiare, Alexandre Borgia, qui était