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LIVRE PREMIER DE

Poliphile racompte comme il luy fut aduis en ſonge qu'il dormoit, & en dormant ſe trouuoit en une uallee fermée d’une grand cloſture en forme de pyramide, ſur laquelle eſtoit aßis un obeliſque de merueilleuſe haulteur, qu'il regarda ſongneuſement, & par grande admiration.


P A foreſt eſpouentable aiant eſté par moy paſſee, & apres auoir delaiſſé ceſte premiere region par le doulx ſommeil qui m’auoit lors eſpris, ie me trouuay tout de nouueau en vn lieu beaucoup plus delectable que le premier, car il eſtoit bordé & enuironné de plaiſans cotaulx verdoians, & peuplez de diuerſes manieres d’arbres, comme cheſnes, faux, planes, ormes, fraiſnes, charmes, tilleulz, & autres, plantez ſelon l’aſpect du lieu. & abas atrauers la plaine, y auoit de petitz buyſſons d’arbriſſeaux ſauluaiges, cõme genetz, geneuriers, bruyeres, & tamarins, chargez de fleurs. parmy les prez croiſſoient les herbes medicinales, a ſcauoir les trois conſolides, enule, cheurefeuil, branque vrſine, liueſche, perſil de macedoine, piuoyne, guymauues, plantain, betoyne, & autres ſimples de toutes ſortes & eſpeces, pluſieurs deſquelles m’eſtoient incõgneues. Vn peu plus auant que le mylieu de ceſte Plaine, y auoit vne ſablonniere meſlée de petites mottes verdes, & pleine d’herbe menuette, & vn petit boys de palmiers, eſquelz les Egyptiẽs cueillent pain, vin, huille, veſtement, & meſrain pour baſtir. leurs fueilles ſembloient lames d’eſpees, & eſtoiẽt chargées de fruict, il y en auoit de grandes, moiennes, & petites, & leur ont les anciens
donné ce