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de Kinnesrîn, elle était ancienne et grande ; mais elle a été détruite, et il n’en reste maintenant que des vestiges.

Je me dirigeai vers la ville d’Authâkïah (Antioche). C’est une grande et noble ville. Elle possédait jadis une muraille solide, qui n’avait pas sa pareille dans toute la Syrie ; mais lorsque le roi Zhâhir (Beïbars) en fit la conquête, il détruisit son mur d’enceinte. Antioche possède une forte population ; ses édifices sont bien bâtis ; elle est garnie de beaucoup d’arbres, et a de l’eau en abondance. Au dehors de la ville passe l’Oronte. Dans la ville se trouve le tombeau de Habib ennadjdjàr (le charpentier), près duquel il y a une zàouïah qui fournit la nourriture à tous venants. Son cheikh est le pieux, le vénérable Mohammed, fils d’Aly, dont l’âge dépasse cent années, et il jouit encore de toutes ses forces.

Je le visitai un jour dans son jardin ; il avait rassemblé du bois, et il le souleva sur ses épaules pour l’apporter dans sa demeure à la ville ; et je vis aussi son fils, qui avait dépassé l’âge de quatre-vingts ans ; mais il avait le dos voûté, et il ne pouvait pas se lever. Celui qui les regarde pense