Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/226

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ceux qui avaient été présents au meurtre du roi Elachraf, frère du roi Nâcir, et y avaient pris part. Quand le gouvernement du roi Nâcir fut bien établi, qu’il se vit affermi dans sa royauté, et que les appuis de son pouvoir furent solides, il se mit à poursuivre les meurtriers de son frère et à les tuer l’un après l’autre. C’était, en apparence, uniquement pour venger son frère, mais aussi par crainte qu’on osât à son égard ce qu’on avait osé à l’égard d’Elachraf.

Or Karàsonkoùr était le chef des émirs à Alep ; et le roi Nàcir écrivit à tous les commandants (de la province) qu’ils eussent à se mettre en marche avec leurs troupes, leur indiquant le moment où devait avoir lieu leur réunion près d’Alep, et leur entrée dans cette ville, afin de s’emparer de leur chef. Quand ils furent réunis au dehors de la ville, Karàsonkoùr craignit pour sa personne ; et comme il avait huit cents mamloûcs, il se mit à cheval à leur tête, et sortit de bon matin, se dirigeant vers les troupes des émirs. Il se fraya un chemin à travers celles-ci, et prit de l’avance sur elles. (Or ces troupes étaient au nombre de vingt mille hommes.)