Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/469

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des moutons, du beurre fondu et du lait. D’ici à Coùfah, la distance est de trois marches. Nous reprîmes notre route et nous campâmes à l’étang du Lapidé. Ce nom vient d’un tombeau qui est sur le chemin, et près duquel se voit un monceau considérable de pierres. Tout individu qui passe par là en lance contre lui. On dit que ce lapidé était un râfidhite (hérétique), qui partit avec la caravane pour le pèlerinage de la Mecque. Une querelle s’éleva entre lui et des Turcs sunnites (orthodoxes). Il proféra des injures contre un des compagnons de Mahomet, et il fut tué à coups de pierres. Il y a dans ce lieu beaucoup de tentes appartenant à des Arabes ; ceux-ci vont trouver la caravane avec du beurre fondu, du lait, etc. On y voit aussi un grand réservoir qui fournit de l’eau à tous les pèlerins. C’est un de ceux qu’a fait bâtir Zobaïdah ; que Dieu ait compassion d’elle ! Toutes les citernes, tous les bassins ou les puits qui existent sur cette route, entre la Mecque et Bajïhdad, sont des monuments de la générosité de Zobaïdah ; que Dieu la récompense et lui en paye le prix ! Sans sa sollicitude pour ce chemin, personne ne l’aurait suivi.