Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/93

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considérable et sa renommée se répandit. Il se fit connaître par sa piété et sa continence, et le bruit de ses vertus parvint jusqu’aux oreilles du roi d’Égypte. Sur ces entrefaites, le kàdhi d’Alexandrie vint à mourir. Il y avait alors en cette ville un grand nombre de fakîhs et de savants, qui tous ambitionnaient la place vacante. Arrîghy, seul entre tous, n’y songeait pas. Le sultan lui envoya l’investiture, c’est-à-dire le diplôme de kàdhi. Le courrier de la poste le lui ayant apporté, Arrîghy ordonna à son domestique de proclamer dans les rues de la ville que quiconque avait un procès eût à se présenter pour le lui soumettre. Quant à lui, il s’occupa sans retard de juger les contestations des habitants. Les gens de loi, etc. se réunirent chez un d’entre eux, qu’ils avaient regardé comme ne pouvant manquer d’obtenir la dignité de kàdhi. Ils parlèrent d’adresser à ce sujet une réclamation au sultan, et de lui dire que la population n’était pas satisfaite de son choix. Un astrologue, homme de beaucoup d’esprit, assistait à cette réunion ; il leur tint ce discours : « Gardez-vous de faire cela ; j’ai examiné avec soin l’astre sous lequel il a été nommé : il m’a été démontré par