Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loué mes services à un homme pieux, afin de lui creuser un puits. Il m’a compté ces dirhems, et je les ai mis de côté, pour qu’ils servent aux frais de mon enterrement. Le surplus sera distribué en aumônes. » J’admirai sa conduite, et je voulus m’en retourner ; mais il m’adjura de rester, et me traita dans cet endroit.

Parmi les mausolées situés hors de Chîràz, est le tombeau du vertueux cheïkh connu sous le nom de Sa’dy. C’était le premier poète de son temps en langue persane, et il a souvent déployé beaucoup de talent dans ses compositions en arabe. De ce tombeau dépend un bel ermitage, que Sa’dy a élevé en cet endroit, et dans l’intérieur duquel se trouve un joli jardin. Cet ermitage est situé dans le voisinage de la source du grand fleuve, connu sous le nom de Rocn Abâd. Le cheïkh avait construit en ce lieu de petits bassins de marbre, pour laver les vêtements. Les citoyens de Chîràz sortent de la ville, alin de visiter ce mausolée ; ils mangent des mets (préparés dans l’ermitage), et lavent leurs habits dans ce fleuve ; puis ils s’en retournent. C’est ainsi que j’en usai près de cet endroit. Que Dieu ait pitié de ce cheïkh !