Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/148

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Lorsque le sultan Abou Sa’îd fut devenu seul maître de l’autorité, il voulut épouser la fille de Djoûbân, appelée Baghdâd khâtoûn, et qui était au nombre des plus belles femmes. Elle était mariée au cheïkh Haçan, celui-là même qui s’empara du royaume, après la mort du sultan Abou Sa’îd, dont il était le cousin germain, par sa mère. Abou Sa’îd donna des ordres, en conséquence desquels Haçan renonça à sa propre femme. Abou Sa’îd l’épousa, et elle devint la mieux traitée de ses femmes. Celles-ci jouissent chez les Turcs et les Tatars d’un sort très-heureux. Lorsqu’ils écrivent un ordre, ils y insèrent ces mots : « Par l’ordre du sultan et des khàtoûn. » Chaque khâtoûn possède quelques villes, quelques provinces, et des revenus considérables. Lorsqu’elle voyage avec le sultan, elle loge dans un quartier séparé.

Baghdâd khâtoûn s’empara de l’esprit d’Abou Sa’îd, et il lui donna la préférence sur toutes ses autres femmes. Elle demeura dans cet état presque tout le reste de la vie du sultan ; mais ce prince, ayant épousé plus tard une femme appelée Dilchâd, il l’aima d’un violent amour, et négligea Baghdâd