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faix et pêcheurs. Parmi les premiers, il y en a qui possèdent de grandes richesses, et quelquefois un seul négociant est propriétaire d’un grand navire avec tout ce qu’il contient, sans qu’aucune autre personne soit associée avec lui, tant il est riche par lui-même. L’on remarque à ce sujet, chez ces négociants, de l’ostentation et de l’orgueil.


ANECDOTE.

L’on m’a raconté qu’un de ces négociants envoya un de ses esclaves pour lui acheter un bélier, et qu’un autre négociant expédia aussi un esclave à lui pour le même objet ; or il arriva, par hasard, qu’il n’y avait dans le marché, ce jour-là, qu’un seul bélier. Les deux esclaves enchérirent pour l’avoir, en sorte que son prix se monta à quatre cents dinars ; et l’un d’eux l’acheta en disant : « Certes, le capital que je possède est de quatre cents dinars ; si mon maître me rembourse la dépense faite pour le bélier, tant mieux ; sinon je le payerai de mon argent, je me serai défendu et je l’aurai emporté sur mon compétiteur. » Il s’en alla chez son maître avec le bélier, et, quand le négociant fut informé de l’évé-