Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bonnet de feutre, et il n’avait avec lui ni petite outre, ni aiguière, ni bâton ferré (ou bourdon), ni chaussure. Les gens de l’équipage dirent qu’ils ne l'avaient jamais vu dans cette montagne. Nous passâmes la journée en ce lieu et nous priâmes avec ce cheïkh dans l’après-midi et au moment du coucher du soleil. Nous lui présentâmes des aliments, qu’il ne voulut pas accepter, et il continua à prier jusqu’à la nuit close. Alors il fit l’appel à la prière correspondante à cette heure, et nous la célébrâmes en sa compagnie. Il avait une belle voix et lisait fort bien. Quand ladite prière eut été terminée, il nous fit signe de nous retirer, ce que nous accomplîmes, après lui avoir dit adieu ; et nous étions très étonnés de sa conduite. Apres l’avoir quitté, je voulus retourner vers lui ; mais, quand je me fus approché, je fus retenu par un sentiment de vénération à son égard, et la crainte l’emporta. Mes camarades étaient revenus aussi sur leurs pas, et je m’en retournai avec eux.

Nous nous embarquâmes de nouveau, et après deux jours, nous arrivâmes à l’île des Oiseaux, qui est dépourvue de population. Nous jetâmes l’ancre, nous montâmes dans l’île, et nous