Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/276

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Le sultan avait devant lui des coupes pleines de boisson ; il en but une et en présenta à l’émir Ahmed une autre, dans laquelle il y avait du poison. Ahmed l’ayant vidée, Melic Nàcir donna l’ordre de décamper sur-le-champ, afin d’occuper le temps. Le cortège royal se mit en marche ; mais il n’était pas encore arrivé à la prochaine station, que l’émir Ahmed rendit le dernier soupir. Bectomoûr fut affligé de sa mort, déchira ses vêtements et refusa de boire et de manger. Cette nouvelle étant parvenue à Melic Nàcir, il vint le trouver, lui donna des marques d’intérêt, lui adressa des consolations, et prenant une coupe dans laquelle il y avait du poison, il la lui présenta et lui dit : « Je t’en adjure par ma vie, ne boiras-tu pas pour amortir le feu qui brûle ton cœur ? » Bectomoûr vida le vase et mourut sur l’heure. On trouva chez lui les vêtements, insignes de la souveraineté, et des sommes considérables, et c’est ainsi que fut véritiée l’accusation qui avait été portée contre lui, d’attenter aux jours d’Almelic annàcir.

Lorsque le pèlerinage fut terminé, je me dirigeai vers Djouddah, afin de m’embarquer pour le Yaman et l’Inde ;