Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/288

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d’étrangers, ils se réunissent pour manger leurs provisions ; puis ils chantent et dansent. Le lendemain, ils retournent à leur métier, et après l’asr ils viennent retrouver leur chef, avec ce qu’ils ont gagné. Ils sont appelés les jeunes-gens et l’on nomme leur chef, ainsi que nous l’avons dit, Alakhy. Je n’ai pas vu dans tout l’univers d’hommes plus bienfaisants qu’eux ; les habitants de Chirâz et ceux d’Ispahân leur ressemblent sous ce rapport, si ce n’est que ces jeunes-gens aiment davantage les voyageurs, et leur témoignent plus de considération et d’intérêt.

Le second jour après notre arrivée à Anthâlïah, un de ces fitiân vint trouver le cheïkh Chihâb eddîn Alhamawy et lui parla en turc, langue que je ne comprenais pas alors. Il portait des vêtements usés et avait sur sa tête un bonnet de feutre. Le cheïkh me dit : « Sais-tu ce que veut cet homme ? » Je répondis : « Je l’ignore. » — « Il vous invite, reprit-il, à un festin, toi et tes compagnons. » Je fus étonné de cela et je lui dis : « C’est bien. » Mais lorsqu’il s’en fut re-