Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/353

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alors : « Appelez le Fakîh, car il connaît l’arabe. » Celui ci arriva et nous parla en persan ; nous lui répondîmes en arabe ; il ne comprit pas nos paroles, et dit au jeune-homme dans l’idiome persan : Ichân ’araby kuhna mikouân wemen araby nau mîdânem. Ichân veut dire « ces gens-ci » ; kuhna signifie « ancien » ; mikouân (migoûïend), « ils disent » ; men, « moi » ; nau, « nouveau » ; mîdanem, « nous connaissons (je connais.) » Le fakîh voulait seulement, par ce discours, se mettre à couvert du déshonneur, parce que ces gens-là croyaient qu’il connaissait la langue arabe, tandis qu’il ne la savait pas. Il leur dit donc : « Ces étrangers parlent l’arabe ancien et je ne connais que l’arabe moderne. » Le jeune-homme pensa que la chose était conforme à ce que disait le fakîh, et cette opinion nous servit près de lui, car il mit tous ses soins à nous traiter honorablement, et se dit : « Il est nécessaire de témoigner de la considération à ces gens-ci, puisqu’ils parlent la vieille langue arabe, qui était celle du Prophète et de ses compagnons. » Nous ne comprîmes pas