Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/403

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était venu, par le chemin de Constantinople la Grande, de l’Asie Mineure et du pays des Circassiens. Il ajouta que l’époque de son départ de l’Espagne remontait à quatre mois. Les marchands voyageurs, qui connaissent ces matières, m’informèrent de la vérité de son discours.

Je fus témoin, dans cette contrée, d’une chose remarquable, c’est-à-dire de la considération dont les femmes jouissent chez les Turcs ; elles y tiennent, en effet, un rang plus élevé que celui des hommes. Quant aux femmes des émirs, la première fois que j’en vis une, ce fut lorsque je sortis de Kiram. J’aperçus alors la princesse, femme de l’émir Salthiyah, dans son chariot. Toute la voiture était recouverte de drap bleu d’un grand prix ; les fenêtres et les portes du pavillon étaient ouvertes. Devant la princesse se tenaient quatre jeunes filles, d’une exquise beauté et merveilleusement vêtues. Par derrière venaient plusieurs autres chariots, où se trouvaient les jeunes filles qui la servaient. Lorsqu’elle approcha de la station de l’émir, elle descendit