Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/63

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leur coutume, jusqu’à l’expiration des quarante jours qui suivent les funérailles, car cette époque est le terme du deuil chez eux. Le sultan envoie alors à tous ceux qui ont agi ainsi un vêtement complet.

Lorsque je vis tous les côtés du michwer remplis de monde, je regardai à droite et à gauche, cherchant un endroit où je pusse m'asseoir. J’aperçus une estrade, élevée d’un empan au-dessus de terre. A l’un de ses angles était assis un homme, qui se tenait séparé de tous les autres assistants ; il était couvert d’un vêtement de laine, semblable au feutre que les gens peu aisés revêtent, dans ce pays-là, les jours de pluie ou de neige, et quand ils sont en voyage. Je m’avançai jusqu’auprès de lui. Mes compagnons se séparèrent de moi, lorsqu’ils virent que je m’approchais de cet individu, et témoignèrent l’étonnement que leur inspirait mon action. J’ignorais complètement ce qu’il était ; je montai sur l’estrade et je le saluai. Il me rendit mon salut, et se souleva de terre, comme s’il voulait se lever : on appelle cela, dans ce pays, nisf alkiyâm, c’est-à-dire, se lever à moitié. Je m’assis