Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


AVENTURE EXTRAORDINAIRE DE BALABAN.

On raconte qu’un fakîr de Bokhâra y vit ce Balaban, qui était de petite taille et d’un extérieur chétif et méprisable. Il lui dit : « Ô petit Turc ! » ce qui était une expression indiquant du mépris. Balaban répondit : « Me voici, ô mon maître. » Cette parole plut au fakîr. « Achète pour moi, reprit-il, de ces grenades », et il lui montrait des grenades qui étaient exposées en vente sur le marché. « Très-bien », répliqua Balaban ; et tirant quelques oboles, qui étaient tout ce qu’il possédait, il acheta plusieurs de ces grenades. Lorsque le fakîr les eut reçues, il lui dit : « Nous te donnons le royaume de l’Inde. » Balaban baisa sa propre main (c’est là une manière de saluer) et répondit : « J’accepte et je suis content. » Cette parole se fixa dans son esprit. Cependant il arriva que le sultan Chems eddîn Lalmich envoya un marchand, afin qu’il lui achetât des esclaves à Samarkand, à Bokhâra et à Termedh. Cet individu fit l’acquisition de cent esclaves, parmi lesquels se trouvait Balaban. Lorsqu’il se présenta avec eux devant le sultan, tous