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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/483

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de ne plus me quitter jamais dans le lieu des audiences ; et, d’habitude, quand il agit ainsi envers quelque personnage, il est bien rare que ce dernier puisse se sauver. Le premier jour que ces esclaves me gardaient à vue était un vendredi ; le Dieu très-haut m’inspira de réciter ses paroles : « Dieu nous suffit, et quel protecteur excellent ! » (Korân, iii, 167). Je répétai la phrase, dans cette même journée, trente-trois mille fois, et je passai la nuit dans l’endroit des audiences. Je jeûnai cinq jours de suite ; chaque jour je lisais tout le Korân, et ne rompais le jeûne qu’en buvant uniquement un peu d’eau. La sixième journée je mangeai, puis je jeûnai encore quatre jours successifs, et je fus délivré après la mort du cheïkh. Rendons-en grâces au Dieu très-haut !


DE MA RETRAITE DU SERVICE DU SULTAN, ET DE MON ABANDON DES CHOSES DU MONDE.

Quelque temps plus tard, je renonçai au service du souverain, et je m’attachai assidûment au cheïkh, au savant imâm, à l’adorateur de Dieu, l’ascète, l’humble, le pieux,