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VOYAGES

[texte arabe]

touffu que traversait un chemin. Je suivis ce dernier, sans savoir où il aboutirait. Tout à coup, environ quarante idolâtres, tenant dans leurs mains des arcs, s’avancent vers moi et m’entourent. Je craignis qu’ils ne fissent tous sur moi une décharge simultanée de leurs flèches, si j’essayais de m’enfuir. Or je n’avais pas de cotte de mailles. Je me jetai donc par terre et me rendis prisonnier ; car les Hindous ne tuent pas quiconque agit ainsi. Ils me saisirent et me dépouillèrent de tout ce que je portais, à l’exception de ma tunique, de ma chemise et de mon caleçon ; puis ils m’entraînèrent dans cette forêt et me conduisirent à l’endroit de leur campement, près d’un bassin d’eau, situé au milieu des arbres. Ils m’apportèrent du pain de mâch, c’est-à-dire de pois ; j’en mangeai et je bus de l’eau.

Il y avait, en compagnie de ces gens-là, deux musulmans qui m’adressèrent la parole en langue persane et m’interrogèrent touchant ma condition. Je leur appris une portion de ce qui me concernait ; mais je leur cachai que je venais de la part du sultan. Ils me dirent : « Il faut immanquablement que