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VOYAGES

[texte arabe]

pagnons, et me firent signe de descendre avec eux. Nous descendîmes et trouvâmes que c’étaient d’autres individus. Ceux-ci conseillèrent à mes conducteurs de les accompagner ; mais ils refusèrent ; ils s’assirent tous trois devant moi et j’avais le visage dirigé vers eux. Ils placèrent à terre une corde de chanvre qu’ils avaient avec eux. Pendant ce temps je les considérais et je disais en moi-même : « C’est avec cette corde qu’ils me lieront au moment de me tuer. » Je restai ainsi une heure, au bout de laquelle arrivèrent trois de leurs camarades qui m’avaient capturé. Ils s’entretinrent avec eux et je compris qu’ils leur disaient : « Pourquoi ne l’avez-vous pas tué ? » Le vieillard montra le nègre, comme s’il voulait s’excuser sur la maladie de celui-ci. Un des trois personnages arrivés en dernier lieu était un jeune homme d’une belle figure. Il me dit : « Veux-tu que je te mette en liberté ? » « Certes, » répondis-je. « Va-t’en, » reprit-il. J’ôtai la tunique dont j’étais couvert et la lui donnai. Il me remit un pagne bleu, tout usé, qu’il portait, et m’indiqua le chemin. Je partis, et comme je craignais que ces gens-la ne changeassent