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VOYAGES

[texte arabe]

rant toute l’année. Je suivis un chemin qui me conduisit à un puits non maçonné, auquel était adaptée une corde tressée avec des plantes ; mais il n’y avait aucun vase pour puiser de l’eau. Je liai en conséquence à la corde un morceau d’étoffe qui me couvrait la tête, et je suçai l’eau dont il s’imprégna dans le puits. Cela ne me désaltéra pas ; j’attachai à la corde une de mes bottines, et m’en servis pour puiser de l’eau, sans être plus désaltéré. Je voulus tirer de l’eau une seconde fois par le même moyen ; mais le câble se rompit, et ma chaussure tomba dans le puits. Je liai alors mon autre bottine, et bus jusqu’à ce que je fusse désaltéré. Alors je coupai ma bottine en deux, et attachai sa portion supérieure à un de mes pieds, avec la corde du puits et avec des guenilles que je trouvai en cet endroit. Tandis que j’étais ainsi occupé, tout en réfléchissant à ma position, voici qu’apparaît devant moi un individu ; l’ayant considéré, je vis que c’était un homme de couleur noire, tenant dans ses mains une aiguière et un bâton, et portant sur son épaule une besace. Il me dit : « Que le salut soit sur vous ! »