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VOYAGES

[texte arabe]

disciples, le matin, du pain et des fèves. Les boulangers et les marchands de fèves accouraient à son ermitage à l’envi les uns des autres ; il en acceptait de quoi nourrir les pauvres, et disait à celui de qui il avait pris ces provisions : « Assieds-toi. » Et cet homme recevait la première aumône, grande ou petite, qui était donnée au cheïkh ce jour-là.

Voici un autre trait de ce cheïkh : lorsque Kâzân (Ghâzân), roi des Tartares (ou Mongols de la Perse), arriva en Syrie avec ses troupes, et qu’il se fut emparé de Damas, à l’exception de sa citadelle, Almélic Annâssir se mit en marche, afin de le repousser, et une rencontre eut lieu entre les deux souverains, à deux journées de distance de Damas, dans un endroit appelé Kachhab. Almélic Annâssir était alors très-jeune, et n’était pas habitué aux combats. Il avait près de lui le cheïkh Al’oriân, qui mit pied à terre, et prit une chaîne avec laquelle il mit des entraves aux pieds du cheval du roi Nâssir, afin que celui-ci ne se retirât pas au moment du combat, à cause de son jeune âge, ce qui