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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 4.djvu/66

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VOYAGES

[texte arabe]

on l’amena devant le monarque, qui lui donna des gardiens. Or, c’est la coutume, quand ce prince a donné des surveillants à quelqu’un, que cet individu n’échappe que très-rarement. Le cheikh s’accorda avec son gardien, moyennant une somme d’argent qu’il devait lui payer, et tous deux s’enfuirent. Un homme digne de foi m’a raconté avoir vu ce personnage dans l’angle d’une mosquée de la ville de Kalhât, ajoutant qu’il parvint ensuite dans son pays natal, rassembla ses trésors et fut à l’abri de ce qu’il craignait.


ANECDOTE.

Le roi Mokbil nous traita un jour dans son palais. Par un hasard singulier, le kâdhi de la ville, qui était borgne de l’œil droit, se trouva assis en face d’un chérîf de Bagdad, qui lui ressemblait beaucoup par sa figure et son infirmité, sauf qu’il était borgne de l’œil gauche. Le chérîf se mit à considérer le juge en riant. Le kâdhi l’ayant réprimandé, il lui répondit : « Ne m’adresse pas de reproches, car je suis plus beau que toi. — Comment cela ? » demanda le magistrat. Le chérîf répliqua : « C’est parce que tu es borgne de