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TRIBUS ARABES.

Nedjd. Les Soleim fréquentaient les environs de Médine, et les Hilal se tenaient sur le Ghazouan, montagne près de Taïf. Quelquefois, cependant, ils allaient prendre leurs quartiers d’été aux frontières de l’Irac et de la Syrie, d’où ils faisaient des incursions dans les cantons voisins pour y dévaliser les voyageurs et piller les caravanes. Les Soleim se permettaient même d’attaquer les pèlerins de la Mecque aux jours où l’on remplissait les grands devoirs de la religion, et de les dépouiller sur le territoire de Médine pendant qu’ils visitaient le tombeau du Prophète. Les khalifes de Baghdad ne cessaient d’expédier des troupes pour punir ces méfaits et protéger les pèlerins contre de pareils outrages.

Plus tard, les Beni-Soleim et un grand nombre des tribus descendues de Rebiâ-Ibn-Amer allèrent se joindre aux Carmats, lors de la première apparition de ces sectaires, et ils les servirent en qualité de milices, dans les provinces de Bahrein et d’Oman.

Quand les princes Fatemides[1], descendants d’Obeid-Allah-el-Mehdi, eurent subjugué l’Egypte et la Syrie, El-Azîz, un des souverains de cette dynastie, enleva aux Carmats les villes dont ils s’étaient emparées dans ce dernier pays, et les ayant refoulés jusqu’à la province de Bahrein, il transporta dans le Saïd (la Haute-Égypte) leurs partisans, les Arabes des tribus de Hilal et de Soleim. Bien que la présence de ces nomades dût nuire à la prospérité de cette région, il prit le parti de les y établir, en les installant sur le bord oriental du Nil.

[Nous allons maintenant raconter les faits qui décidèrent le gouvernement égyptien à faire passer ces tribus dans l’Afrique septentrionale.] En l’an 408, El-Moëzz devint souverain des Sanhadja de Cairouan ; ayant reçu son investiture

  1. Ici, notre auteur désigne les Fatemides par le terme chii (sectaire). Le plus souvent il les nomme Obeidites, et bien qu’il les déclare descendants de Fatema, fille de Mahomet, il ne leur donne qu’assez rarement le titre de Fatemides. Comme cette dernière dénomination est cependant plus usitée, je l’emploie dans cette traduction à la place de Chiites et d’Obeidites.