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TRIBUS ARABES.

Quand la tribu de Hilal eut vaincu les Sanhadja, une nation voisine, les Zenata, s’apprêta à lui faire une vigoureuse résistance. Ce peuple, que ses habitudes nomades avaient rendu très-belliqueux, se mit en marche de l’Ifrîkïa et du Maghreb central pour repousser les Arabes ; et le prince de la famille Khazer qui régnait à Tlemcen, fit partir son général Abou-Soda-el-Ifreni, chargé d’une mission semblable. Abou-Soda leur livra plusieurs batailles, mais il perdit enfin la vie dans la province du Zab.

La tribu de Hilal se rendit alors maîtresse de tout le pays ouvert ; les Zenata ne purent plus leur résister, ni dans l’Ifrîkïa, ni dans le Zab, et dorénavant, le Mont-Rached [le Djebel-Amour] et le pays du Mozab, dans le Maghreb central, formèrent la ligne de séparation entre les deux peuples.

Restée victorieuse, la tribu de Hilal cessa de se livrer à la guerre ; et les Sanhadja purent conclure la paix avec elle, mais sous la dure condition de lui céder les campagnes [et de ne garder pour eux que les villes]. Dès-lors ils se mirent à fomenter des dissentions entre ces Arabes, et ils aidèrent les Athbedj contre les Rîah et les Zoghba.

En-Nacer-Ibn-Alennas, prince de la Calâ des Beni-Hammad, réunit des troupes pour soutenir les Athbedj, et El-Moëzz-Ibn-Zîri de la tribu de Maghraoua et souverain de Fez, vint se joindre à lui avec les Zenata. Ils prirent position à Laribus, et ensuite, ils eurent une rencontre avec les Rîah et les Zoghba à Sebîba. Dans ce combat, El-Moëzz-Ibn-Zîri abandonna son allié ; cédant, à ce qu’on prétend, aux inspirations de Temîm-Ibn-el-Moëzz-Ibn-Badîs, prince de Cairouan. Cette trahison entraîna la défaite d’Ibn-Alennas qui dut abandonner aux Arabes et aux Zenata ses trésors et son camp, après avoir perdu son frère El-Cacem dans la mêlée. Il se réfugia à Constantine, vivement poursuivi par la tribu de Hilal, et, plus tard, il atteignit la Calâ des Beni-Hammad, où il se vit bientôt bloqué par l’ennemi. Les assiégeants, après avoir dévasté les jardins et coupé tous les bois qui entouraient la place, allèrent insulter les autres villes de la province. Ayant mis en ruine celles de Tobna et d’El-Mecîla, dont ils avaient chassé les habitants, ils se jetèrent sur les caravansérails,