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HISTOIRE DES BERBÈRES.

temps, il se rendit auprès du sultan Abou-’l-Hacen pour lui demander grâce, et lui ayant remis son frère Abou-Bekr comme ôtage, il l’accompagna dans l’expédition de l’Ifrîkïa et assista à la déroute de Cairouan. Il rejoignit ensuite sa tribu, et passa avec elle au service d’Abou-Saîd-Othman, fils d’Abd-er-Rahman, fils de Yahya, fils de Yaghmoracen, qui s’était emparé de Tlemcen, en l’an 750 (1349-50), à la suite de la catastrophe dont nous venons de parler.

Sogheir et son peuple jouirent dès-lors d’une grande influence auprès de la dynastie abd-el-ouadite. Quant aux Soueid et aux Beni-Yacoub, ils rentrèrent en Maghreb et marchèrent, plus tard, dans l’avant-garde du sultan Abou-Einan. [Tlemcen succomba alors de nouveau], les princes de la famille Yaghmoracen perdirent la vie, leurs partisans se dispersèrent, et Sogheir passa dans le Désert, selon sa coutume. De ce lieu de refuge il épiait le progrès des chefs qui se révoltaient contre l’empire mérinide, et ayant réuni autour de lui une grande partie de sa tribu, les Beni-Moarref, il commença à faire des courses dans les pays voisins.

En l’an 755, les Hocein, tribu makilienne, se soulevèrent contre les Mérinides et résistèrent quelque temps aux armes d’Abou-Einan. Ils entreprirent même le siége de Sidjilmessa et dans toutes leurs expéditions ils eurent Sogheir pour camarade et allié[1]. S’étant enfin rendus à Nokour afin d’y faire une provision de blé, ils furent attaqués par l’armée mérinide et perdirent tous leurs bagages, après avoir vu une foule de leurs guerriers succomber sur le champ de bataille ou tomber au pouvoir de l’ennemi. Depuis ce revers, ils n’osent plus quitter le Désert ; aussi leurs terrains de parcours [dans le Tell] sont maintenant occupés par les Soueid et les Beni-Yacoub, et la faveur dont ils jouissaient auprès du sultan a été transmise à ces deux tribus.

Après la mort d’Abou-Einan, un prince de la famille Yaghmoracen releva le trône de ses ancêtres à Tlemcen. Abou-Hammou-Mouça était fils de Youçof, frère du sultan Abou-Saîd-Othman,

  1. Ici les manuscrits et le texte imprimé portent oua khalef ; il faut y supprimer un point diacritique et lire oua halef.