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HISTOIRE DES BERBÈRES.

Voici comment Ibn-el-Kelbi expose la généalogie de Zoghb : Zoghb, fils de Nacera, fils de Khafaf, fils d’Imr-il-Caïs, fils de Bohtha, fils de Soleim ; mais Abou-Mohammed-et-Tidjani, docteur tunisien, dit, dans son Rihla (ou voyage)[1], que Zoghb était fils de Djerou-Ibn-Malek-Ibn-Khafaf ; il le considère même comme le père de Debbab et de Zoghb-el-Asgher [le cadet], ancêtres de deux branches soleimides qui se trouvent actuellement en Ifrîkïa. Abou-’l-Hacen-Ibn-Saîd[2] dit : « Zoghb, était fils de Malek, fils de Bohtha, fils de Soleim. Sa tribu occupait le territoire situé entre les deux villes saintes [la Mecque et Médine], mais elle est maintenant en Ifrîkïa avec ses sœurs [les autres tribus sorties de la même souche]. Debbab était fils de Malek et petit-fils de Bohtha. » — Dieu sait lequel de ces trois auteurs a raison, mais il est évident que la généalogie donnée par Ibn-Saîd ressemble beaucoup à celle que nous fournit Et-Tidjani ; elles seront même identiques si nous supposons qu’Ibn-Saîd ait oublié le nom de Djerou dans la sienne.

Héïb était fils de Bohtha-Ibn-Soleim ; le territoire occupé par ses descendants s’étend depuis la frontière de Barca qui touche à l’Ifrîkïa jusqu’à la petite Acaba, du côté d’Alexandrie. Ils se fixèrent dans cette région après que leurs frères [les autres Arabes] furent entrés en Ifrîkïa. La première branche des Héïb que l’on rencontre en partant de l’Occident est celle des Beni-Ahmed, peuplade qui habite Adjedabia et les environs. Sa force la rend formidable aux caravanes de pèlerins, mais elle reconnaît la supériorité des Chemmakh. La tribu des Chemmakh renferme un grand nombre de familles et tient le premier rang parmi les

  1. Ce rihla renferme le récit d’un voyage entrepris dans les états de Tunis, Tripoli et Bougie, par Abou-Yahya-Zékérïa-Ibn-Ahmed-el-Lihyani, grand cheikh des Almohades-hafsides, sous le règne du khalife hafside Abou-Acîda. L’auteur de cet ouvrage se nomme Abou-Mohammed-Abd-Allah-Ibn-Ibrahîm-et-Tidjani. Il dit être parti avec ce prince vers la fin de l’an 706 (décembre 1305). Plus tard il devint secrétaire d’Abou-Yahya-Zékérïa-el-Lihyani, proclamé khalife au mois de redjeb 711. Une traduction inédite de ce voyage a été faite par M. Alphonse Rousseau.
  2. Voy. page 9, note 1.