Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
HISTOIRE DES BERBÈRES.

sés à seconder ses intentions. Plusieurs combats eurent lieu entre les deux partis, et les Soleim finirent par reléguer leurs adversaires dans le pays qu’ils habitent encore à présent et qui comprend les plateaux de Constantine, ceux de Bougie et les campagnes du Zab. Alors les deux tribus déposèrent les armes et chacune d’elles se fixa dans la contrée où elle se trouva.

Comme les Beni-Auf étaient devenus maîtres de toute la campagne de l’Ifrîkïa, le sultan se concilia leur amitié par des faveurs et les prit à sa solde. Il ne leur concéda cependant pas une seule de ses villes. Le commandement de cette tribu appartenait alors à la famille Djamê laquelle était entièrement dévouée au sultan. Ce fut avec leur secours qu’il réussit à enlever la campagne de l’Ifrîkïa aux Douaouida et aux Rîah, et qu’il parvint à les refouler jusques dans les plaines du Zab et les provinces de Bougie et de Constantine.

Comme les Mirdas avaient eu de fréquents démêlés avec le gouvernement hafside et qu’ils continuaient à passer par les alternatives de la soumission et de la révolte, le sultan fomenta des querelles entre eux et les Allac. Einan-Ibn-Djaber, membre de la famille de Djamê et chef des Mirdas, piqué enfin d’un manque d’égards qu’il crut avoir éprouvé à la cour de Tunis, se retira chez les nomades de cette tribu, lesquels se tenaient, avec leurs confédérés, dans les environs de Zaghez, au milieu du pays occupé par les Rîah. Cette démarche lui attira des reproches de la part d’Abou-Abd-Allah-Ibn-Abi-’l-Hocein, ministre et confident du sultan Abou-Zékérïa. Ce fonctionnaire lui adressa même plusieurs poèmes dans lesquels il blâma sa conduite et le pressa de se rallier de nouveau au gouvernement hafside. Dans une de ces pièces, qui est très-longue, on rencontre les deux vers que voici :

Traverse les solitudes avec tes chamelles [méharies] nobles et dociles ; franchis le Désert en courant par monts et par vaux.

Demande aux chaumières ruinées que tu verras entre El-Ghada et Es-Souadjer, si des pluies abondantes y ont répandu la fertilité.