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TRIBUS ARABES.

font traîner la charrue par leurs femmes. Dans les courses que la disette les oblige quelquefois à entreprendre, ils conduisent leurs troupeaux aux régions dactylifères du midi : à Audjela, à Santerïa, aux oasis, aux déserts, aux sables au-delà des oasis et même au pays des Kanem, peuple nègre le plus proche d’eux. La ville qu’habitent ces Arabes s’appelle Bernîc [Berenice]. Leur chef se tient à Barca. Celui qui les gouverne aujourd’hui appartient à la famille des Beni-Djâfer et s’appelle Abou-Dîb. Les pèlerins dont les caravanes traversent ce territoire, se louent beaucoup de leur conduite paisible et des bons sentiments qui les empêchent d’attaquer ceux qui vont visiter la maison de Dieu. Ils parlent aussi avec approbation de l’empressement que ces tribus montrent à apporter des vivres au marché tenu par la caravane ; et quiconque aura fait un atôme de bien en retrouvera la récompense[1].

Quant à l’origine de cette peuplade, je l’ignore, mais, j’ai entendu dire à des gens dignes de foi et membres de la tribu de Debbab, qu’ils avaient appris de Kharîs, fils d’Abou-Dîb, cheikh des Arabes dont nous parlons, qu’ils sont la postérité d’une fraction des Kaoub qui resta sur le territoire de Barca. D’un autre côté, les généalogistes de la tribu de Hilal les disent enfants de Rebiâ-Ibn-Amer, frère de Hilal-Ibn-Amer ; d’autres généalogistes encore pensent qu’ils doivent appartenir, ainsi que les Kaoub, à la branche des Azza, peuple, disent-ils, qui descend de Héïb. Ils ajoutent que le commandement des Azza appartient aux Aulad-Ahmed, que leur chef se nomme Abou-Dîb, et que leurs voisins, les Methaïna[2], font partie de la tribu de Hoouara. Salem-Ibn-el-Torkïa, chef des Aulad-Mocaddem, tribu qui avoisine les Azza du côté de l’Acaba[3], m’a dit qu’ils sont une branche de la tribu de Mesrata, dernier reste de celle de Hoouara. Telle est

  1. Coran, sourate 99, verset 7.
  2. Dans un des manuscrits, ce nom est écrit Methania, variante due à la transposition des points diacritiques.
  3. C’est l’Acaba-t-el-Kebîra, sur la route de Cyrénaïque à Alexandrie, que l’auteur veut désigner ici.