Aller au contenu

Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
HISTOIRE DES BERBÈRES.

INDICATION DES LOCALITÉS OCCUPÉES PAR LES BERBÈRES EN IFRIKIA ET EN MAGHREB.

Le mot Maghreb [occident] avait originairement une signification relative et s’employait pour désigner la position d’un lieu par rapport à l’orient. Il en était de même du mot Charc ou Machrec [orient], qui indiquait la position d’un lieu par rapport à l’occident. Chaque endroit de la terre pouvait donc être à la fois Maghreb et Machrec, puisqu’il est situé à l’occident, par rapport à une localité, et à l’orient, par rapport à une autre. Les Arabes ont toutefois appliqué chacune de ces dénominations à une région particulière, de sorte que nous trouvons un certain pays distinct de tout autre auquel on a donné le nom de Maghreb. Cette application du mot est consacré par l’usage des géographes, c’est-à-dire, des personnes qui étudient la forme de la terre, ses divisions par climats, ses parties habitées et inhabitées, ses montagnes et ses mers. Tels furent Ptolémée et Rodjar [Roger], seigneur de la Sicile, duquel on a donné le nom au livre, si bien comme de nos jours[1], qui renferme la description de la terre, des pays dont elle se compose, etc.

Du côté de l’occident, le Maghreb a pour limite la Mer-Environnante [l’Océan atlantique], réceptacle de toutes les eaux du monde, et que l’on nomme environnante, parce qu’elle entoure la partie de la terre qui n’est pas couverte [par l’eau]. On l’appelle aussi Mer-Verte, parce que sa couleur tire, en général, sur le vert. Elle porte, de plus, le nom de la Mer des Ténèbres, parce que la lumière des rayons du Soleil, réfléchie par la surface de la terre, y est très-faible, à cause de la grande distance qui sépare cet astre de la terre. Pour cette raison, la mer dont nous parlons est ténébreuse ; car, en l’absence des rayons solaires, la chaleur qui sert à dissoudre les vapeurs, est assez minime, de sorte

  1. Il s’agit de la géographie d’Idrîci. Cet ouvrage, composé par l’ordre du roi Roger, est ordinairement désigné par les auteurs arabes comme le Livre de Roger (Kitab-Rodjar).