Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/329

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nation, l’extrême bonté qu’il lui a toujours témoignée, la combinaison de vertus dont il l’a dotée, les nombreux genres de perfection auxquels il l’a fait atteindre et toutes les diverses qualités propres à l’espèce humaine qu’il lui a permis de réunir et de s’approprier. À ce sujet, leurs historiens rapportent des circonstances qui remplissent le lecteur d’un profond étonnement.

Au nombre de leurs savants les plus illustres on compte Semgou[1], fils de Ouaçoul, ancêtre de la famille midraride dont la dynastie régna à Sidjilmessa. Il avait vu plusieurs des Tabés et étudié sous Ikrima, esclave d’Ibn-Abbas[2]. Arîb-Ibn-Homeid[3] fait mention de lui dans son ouvrage historique. On peut nommer aussi Abou-Yezid-Makhled-Ibn-Keidad l’ifrénite, surnommé l’homme à l’âne, qui professa la doctrine des kharédjites et se révolta contre les Fatemides en l’an 332[4]. Il avait étudié à Touzer sous les cheikhs de cette ville et s’était distingué par ses connaissances comme jurisconsulte. Ayant adopté le système professé par les kharédjites-eibadites[5], il y devint très-habile,

  1. Il faut probablement lire Sahcou ou Sahgou.
  2. Abou-Abd-Allah-Ikrima, esclave et disciple d’Ibn-Abbas, cousin de Mahomet, était berbère de nation. Il acquit une telle connaissance de la loi qu’il fut autorisé à remplir les fonctions de mufti à la Mecque. Comme traditioniste il tient un haut rang aux yeux des docteurs musulmans. Il mourut en l’an 407 (725–6). On trouvera dans ma traduction d’Ibn-Khallikan une notice biographique d’Ikrima et un article sur Ibn-Abbas.
  3. Dans un des chapitres suivants, il sera question de cet historien.
  4. On trouvera l’histoire d’Abou-Yezid dans un autre volume de cet ouvrage.
  5. La secte des Kharedjites, c’est-à-dire ; sortants, qui sortent de l’obéissance, rebelles, parut pour la première fois dans l’islamisme lors de la guerre qui éclata entre le khalife Ali, gendre de Mahomet, et Moaouïa, son compétiteur pour le trône du khalifat. Plusieurs musulmans, scandalisés de cette lutte odieuse, repoussèrent les prétentions des deux parties et déclarèrent que l’imam ou chef spirituel et temporel devait être élu par le suffrage universel des musulmans et qu’on pouvait même le choisir en dehors de la tribu de Coreich. On sait que jusqu’à la conquête de l’Égypte par les Turcs et la transmission de l’imamat à la maison Othomane, les musulmans orthodoxes avaient toujours admis comme article de foi, que l’imam devait être issu du sang de la tribu