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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/383

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LES ZOUAOUA ET LES ZOUAGHA.

chef Zîri-Ibn-Adjana, l’ayant soupçonné d’avoir entretenu des intelligences avec Hammad[1].

Les descendants de Hammad bâtirent ensuite la ville de Bougie sur le territoire des Zouaoua et les obligèrent à faire leur soumission. Depuis ce temps, ils sont toujours restés dans l’obéissance excepté quand on leur réclame le paiement de l’impôt ; alors seulement, ils se laissent aller à la révolte, étant bien assurés que dans leurs montagnes, ils n’ont rien à craindre.

Les Beni-Iraten reconnaissent aux Beni-Abd-es-Samed, une de leurs familles, le droit de leur fournir des chefs. À l’époque où le sultan [mérinide] Abou’l-Hacen conquit le Maghreb central, ils eurent pour cheikh une femme appelée Chimci. Elle appartenait à la famille Abd-es-Samed et s’était assuré l’autorité avec l’aide de ses fils, au nombre de dix.

En l’an 739 (1338-9) ou 740, Abou-Abd-er-Rahman-Yacoub, fils du sultan Abou-’l-Hacen, s’enfuit de Metidja où son père était campé, mais il y fut ramené par des cavaliers envoyés à sa poursuite. Son père le mit aux arrêts, et quelque tems après, il le fit mourir, ainsi que nous le raconterons dans l’histoire de la dynastie mérinide. Ce fut alors qu’un boucher, officier de la cuisine du sultan, passa chez les Iraten et se donna pour le prince Abou-Abd-er-Rahman auquel il ressemblait beaucoup. Chimci s’empressa de lui accorder sa protection et engagea toute la tribu à reconnaître l’autorité du prétendant et à le seconder contre le sultan. Alors ce dernier offrit des sommes considérables aux fils de Chimci et aux gens de la tribu, afin de se faire livrer l’aventurier. Chimci rejeta d’abord cette proposition, mais ayant ensuite découvert qu’elle avait donné son appui à un imposteur, elle lui retira sa protection et le renvoya dans le pays qu’occupèrent les Arabes. Ensuite elle alla se présenter devant le sultan avec une députation composée de quelques-uns de ses fils et de plusieurs notables de sa tribu. Le monarque mérinide lui fit l’accueil le plus honorable, et l’ayant comblée de dons ainsi que les personnes qui l’avaient accompagnée, il les renvoya tous chez

  1. On trouvera plus loin une notice sur Hammad et ses successeurs.