Aller au contenu

Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
HISTOIRE DES BERBÈRES.

Eïça-Ibn-Yezîd et entraîna, par cet exemple, toute sa tribu. Après la mort d’Eïça, les Miknaça firent choix de Semgou pour le remplacer. Ce chef exerça le commandement pendant douze ans et mourut subitement en l’an 167 (783-4), sans avoir quitté le pouvoir. Il professait la doctrine des Eibadites-sofrites. Sous son administration la prière publique se faisait au nom des khalifes abbacides, El-Mansour et El-Mehdi.

Son fils El-Yas, surnommé le vizir, fut élu gouverneur par le peuple ; mais, en l’an 174 (790-1), il fut déposé et remplacé par son frère Abou-Mansour-Elîçâ, fils d’Abou-’l-Cacem. Cet émir professait aussi les croyances religieuses des Eibadites-sofrites. Il régna fort longtemps, et dans la trente-quatrième année de son administration, il entoura de murs la ville de Sidjilmessa.

Ce fut sous les auspices d’Elîçâ que l’autorité de la dynastie ouaçoulienne prit de la consistence et que la construction de Sidjilmessa fut entièrement achevée. Après avoir fait élever dans cette ville des palais et des édifices publics, il y fixa son séjour vers la fin du second siècle de l’hégire. Ce prince soumit les oasis du Désert [au midi de Sidjilmessa], et préleva le quint sur les produits des mines du Derâ. Il maria son fils Midrar à Eroua, fille d’Abd-er-Rahman-Ibn-Rostem, seigneur de Tèhert, et mourut en l’an 208 (823-4).

Midrar, surnommé El-Montacer, lui succéda et jouit d’un long règne. Il eut deux fils qui portaient chacun le surnom de Meimoun (fortuné) : l’un, nommé Abd-er-Rahman à ce que l’on rapporte, eut pour mère Eroua, fille d’Ibn-Rostem ; la mère de l’autre s’appelait Eltéki[1]. Ces princes cherchèrent à dominer leur père, et ayant pris les armes, ils se disputèrent le pouvoir pendant trois ans. Comme Midrar affectionna davantage le fils d’Eroua, il l’aida à vaincre son adversaire et à le chasser de Sidjilmessa, mais il se vit bientôt enlever le trône par celui qu’il avait favorisé. La conduite tyrannique du nouveau souverain

  1. Dans les manuscrits, ce nom est ponctué de diverses manières ; aussi peut-on le lire El-Baki, Baghi, Yefi, etc. — Un manuscrit d’El-Bekri que j’ai sous les yeux porte Thakia.