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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/411

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LES ADJÎÇA

et la misère, ayant été réduits par leur faiblesse au rang peuplade tributaire.

Les Adjîça [ou Adjdjîça], autre branche de la grande famille berbère de Bernès, remontent leur origine à Adjîça-Ibn-Bernès. Le mot adjiça signifie ventrer ; la forme berbère en est Addis, mais les Arabes l’ont altérée en substituant le dj au d. Ce peuple se distingua parmi les autres Berbères par son nombre et sa puissance. Il demeurait dans le voisinage des Sanhadja, et encore aujourd’hui sa postérité se trouve aux environs de Tedellis et dans les montagnes qui dominent El-Mecîla.

Une peuplade appartenant à cette tribu habitait la montagne de Calâ [-Beni-Hammad]. Comme elle avait combattu pour Abou-Yezîd, ce chef chercha un asile chez eux après sa défaite par El-Mansour [le khalife fatemide], et se fortifia dans la Calâ-Kîana[1] un de leurs châteaux, mais il ne put empêcher son adversaire d’y pénétrer de vive force. Plus tard, Hammad, fils de Bologguîn, choisit dans leur territoire l’emplacement d’une ville où il fixa son séjour. Cette résidence, dont l’étendue et la population prirent de rapides accroissements, devint la capitale des états hammadites et porta une grave atteinte à la puissance des Adjîça, qui furent enfin épuisés et réduits au dernier degré de la faiblesse par les guerres fréquentes qu’ils eurent à soutenir contre les Hammadites. Ils avaient essayé à plusieurs reprises de surprendre la forteresse de leurs ennemis ; ils avaient même suscité, parmi les descendants de Hammad, des rivaux aux souverains de cette dynastie ; mais ils périrent enfin, moissonés par l’épée. Quelque temps après, la Calâ des Beni-Hammad fut mis en ruine. Les territoires que les Adjîça possédaient dans la montagne devinrent l’héritage des Eïad, peuple formé d’un mélange d’Arabes hilaliens, et la montagne elle-même prit le nom de Djebel-Eïad. Un grand nombre d’Adjîça vivent encore dispersés parmi les autres tribus du Maghreb.

  1. Dans les manuscrits ce nom est très-souvent écrit Ketama, leçon tout-à-fait mauvaise.