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APPENDICE.

autres gardèrent leur rang, et leurs meilleurs coureurs étant allés de ce côté, virent que la muraille de Djeloula venait de s’écrouler. Aussitôt, les musulmans y pénétrèrent et enlevèrent tout ce qu’elle renfermait de précieux. Abd-el-Mélek [fils de Merouan] vint alors rejoindre Ibn-Hodeidj, et comme on ne pouvait s’accorder sur le partage du butin, on écrivit à Moaouïa-Ibn-Abi-Sofyan[1] qui rendit cette réponse : « Que l’armée rappelle ses détachements et que le partage se fasse alors entre tout le monde. » Chaque homme reçut deux cents dinars pour sa portion, mais le cavalier eut en plus une double portion pour son cheval. Abd-el-Mélek déclara avoir reçu pour lui-même et pour son cheval la somme de six cents dinars, et qu’il les employa à l’achat d’une jeune fille.

D’autres racontent que ce fut Ibn-Hodeidj lui-même qui assiégea Djeloula, et qu’il désespéra de réussir en voyant que plusieurs de ses soldats avait succombé et que les autres avaient presque tous reçu des blessures. Il s’en retourna donc, mais Dieu lui ouvrit alors la ville sans qu’il fallut employer ni chevaux ni hommes pour l’attaquer. Il y pénétra sans éprouver la moindre résistance, la mit au pillage et repartit pour l’Égypte.

Moaouïa-Ibn-Hodeidj fit plusieurs expéditions en Afrique : la première en l’an 34 (654-5), avant la mort d’Othman ; cette expédition n’est connue que de peu de personnes ; la seconde eut lieu en l’an 40 (660-1), et la troisième en l’an 50 (670).

§ VI. — OCBA-IBN-NAFÊ-EL-FIHRI SE REND DANS LE MAGHREB.

En l’an 46 (666-7), Ocba-Ibn-Nafê-el-Fihri [de la famille de Fihr-Coreich] partit pour le Maghreb, accompagné de Bosr[2] Ibn-

  1. Moaouïa étant donc chef de la nation musulmane. Ce fait prouve la fausseté de la date assignée par Ibn-Abd-el-Hakem à l’expédition dont il parle ici ; Moaouïa n’ayant été proclamé khalife qu’en l’an 41. Ibn-Khaldoun a eu le grave tort d’adopter l’erreur d’Ibn-Abd-el-Hakem dans son abrégé de l’histoire de l’Afrique septentrionale sous les émirs arabes.
  2. Les manuscrits portent Bichr, mais on sait par d’autres sources que le nom de ce chef doit s’écrire Bosr.