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XXXIX
INTRODUCTION.

Ayant perdu à la fois son père et sa mère, qui lui furent enlevés vers cette époque, il chercha des consolations dans l’étude et y consacra encore trois années. « Alors, dit-il, dans son autobiographie, je me trouvai savoir quelque chose. »

L’évacuation de Tunis par les Mérinides procura à l’ex-ministre des Hafsides, Ibn-Taferaguîn, l’occasion d’y relever le trône de cette dynastie. Il fit proclamer sultan le prince Abou-Ishac, jeune homme qui n’avait pas encore atteint l’âge de puberté, et il attacha Ibn-Khaldoun au service du nouveau monarque en qualité d’écrivain de l’Alama ou paraphe royal. Cet office consistait à valider tous les écrits du sultan en y traçant en gros caractères une certaine formule qui, dans le cas actuel, se composait des mots : Louange à Dieu ; reconnaissance à Dieu.

Ce fut ainsi que le futur historien des Berbères se vit lancé, à l’âge de vingt-un ans, dans la carrière épineuse de la politique. La prévoyance dont il donna plus tard des preuves si nombreuses, ne lui fit pas défaut en cette occasion : reconnaissant que le parti d’un souverain encore dans l’enfance ne pouvait résister aux entreprises d’un rival plus âgé et mieux soutenu, il mit en pratique un principe que pendant le reste de sa vie, il n’oublia jamais, savoir : de veiller à ses propres intérêts quand ceux de ses maîtres étaient compromis. Aussi il prit la résolution d’abandonner son emploi le plus tôt que cela lui serait possible et de se rendre à Fez, auprès des savants mérinides dont il avait fait la connaissance à Tunis. En l’an 753 (1352), il quitta cette dernière ville à la suite du sultan Abou-Ishac, et, profitant de la défaite de l’armée tunisienne par celle de Constantine sous les ordres du prince hafside, Abou-Zeid, il s’enfuit de Mermadjenna à Tebessa, d’où il se rendit à Biskera, en traversant la ville de Cafsa. De Biskera il se dirigea vers Fez, mais arrivé à El-Bat’ha, sur le Mîna, il y rencontra un officier mérinide de haut rang qui allait s’installer dans le gouvernement de Bougie. Ayant consenti à accompagner ce fonctionnaire, il passa quelques mois dans cette place forte, et, profitant alors du départ d’une députation qui se rendait auprès du sultan mérinide, Abou-Einan, il se mit