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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/504

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APPENDICE.

El-Aghleb se porta contre lui à marches forcées, mais ensuite il se dirigea vers Cabes, d’après le conseil de ses officiers, et tâcha d’amener une défection parmi les troupes de son adversaire. Sur ces entrefaites, il vit arriver un agent d’El-Mansour, chargé de se rendre auprès d’El-Hacen-Ibn-Harb, pour l’exhorter à rentrer dans le devoir, et comme cette tentative n’eut aucun succès, il se décida à marcher contre le rebelle. Un combat acharné en résulta qui amena la défaite d’El-Hacen et la mort d’un grand nombre de ses partisans. Pendant qu’El-Aghleb s’empressait de prendre possession de Cairouan, El-Hacen rentra à Tunis, où il fit des levées considérables, et bientôt, après, il vint, à la tête d’une nombreuse armée, attaquer son adversaire. El-Aghleb réunit alors ses amis et les gens de sa maison pour leur annoncer qu’il allait se mesurer avec El-Hacen en combat singulier. Effectivement, quand l’ennemi se montra, El-Aghleb fondit sur El-Hacen pendant que ses partisans chargèrent l’aile droite des insurgés. Tout ploya devant eux, et El-Aghleb chargea de nouveau, en prononçant ces mots :

Il ne me reste qu’à enfoncer le centre, ou à mourir.

Qua la guerre s’échauffe autour de moi, elle ne fait qu’exciter mon ardeur !

Je veux mourir plutôt que fuir !

Il dit et se porta sur le centre de l’ennemi avec une impétuosité que rien n’arrêta ; mais il succomba à la fin, frappé à mort par une flèche. Cet événement eut lieu dans le mois de Châban, 150 (septembre 767). L’historien rapporte qu’à la chute d’El-Aghleb on s’écria : « l’émir est mort ! » et que mille voix répétèrent ces paroles. Il dit ailleurs : Salem-Ibn-Souada, qui commandait l’aile droite, dit à Abou-’l-Anbès : « Je ne veux pas survivre à ce jour ! » et qu’aussitôt il se précipita sur l’ennemi dont il fit un carnage affreux : El-Hacen lui-même perdit la vie dans cette bataille acharnée[1].

  1. Après la mort d’El-Aghleb, ses troupes prirent pour chef Mokharec-Ibn-Ghifar, gouverneur de Tripoli, et forcèrent El-Hacen de s’enfuir à Tunis. De là, le chef insurgé passa dans le territoire des Ketama où son adversaire n’osa pas le poursuivre. Deux mois plus tard, il revint à