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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/515

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EN-NOWEIRI.

complissait, le maître de poste et Abou-’l-Anber montèrent à cheval et allèrent trouver Nasr auquel ils remirent le diplôme qui le nommait au gouvernement de l’Ifrîkïa. L’ayant salué alors du titre d’émir, ils le firent monter à cheval et l’amenèrent, avec une forte escorte, à la grande mosquée. Là, ils obligèrent Cabîça à céder la place à Nasr et ensuite ils donnèrent lecture de la lettre du khalife. Toute l’assemblée s’empressa de reconnaître le nouveau gouverneur[1]. Nasr fit fleurir la justice dans tous les pays sous ses ordres, et pendant son administration, qui dura deux ans et trois mois, il se conduisit avec une douceur extrême. El-Fadl, fils de Rouh, était gouverneur de la province du Zab, au moment de la mort de son père. Lorsque la lettre d’Er-Rechîd eut été rendue publique, il alla trouver ce khalife et ne cessa de lui faire la cour jusqu’à ce qu’il eût obtenu pour lui-même le gouvernement de l’Ifrîkïa.

§ XXXIII. — GOUVERNEMENT D’EL-FADL, FILS DE ROUH.

Er-Rechîd, dit l’historien, ayant nommé El-Fadl au gouvernement de l’Ifrîkïa, y envoya un écrit par lequel il ordonnait la déposition de Nasr et son remplacement par El-Mohelleb-Ibn-Yezîd, en attendant l’arrivée d’El-Fadl. Le nouveau gouverneur entra à Cairouan, le mois de Moharrem 177 (avril-mai 793) et donna aussitôt le commandement de Tunis à son neveu El-Mogheira-Ibn-Bichr-Ibn-Rouh. El-Mogheira était d’une grande légéreté de caractère ; il montrait peu d’égards pour la milice, et, pensant que son oncle ne voudrait pas le destituer, il la traitait d’une manière tout opposée à celle de ses devanciers. Les membres de ce corps, s’étant assemblés, écrivirent à El-Fadl pour l’instruire des mauvais procédés d’El-Mogheira à leur égard, ainsi que de son administration tyrannique. Le retard qu’El-Fadl mit à leur répondre fut regardé comme un nouveau grief à ajouter à ceux dont ils avaient à se plaindre, car, déjà, il ne les consultait plus et faisait tout de son propre mouvement.

  1. Ceci eut lieu en Ramadan, 174 (janvier-février 791).