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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/521

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EN-NOWEIRI.

dans le mois de Ramadan 181. Par sa mauvaise administration, il jeta la perturbation dans les affaires, et indisposa contre lui la milice en faisant des retenues sur la solde et en la tyrannisant ainsi que le peuple. Il en résulta que le général Felah se mit en révolte avec les troupes syriennes et khoraçanites, lesquelles voulurent se donner pour chef Morra-Ibn-Makhled, de la tribu d’Azd[1]. En même temps, Temmam fils de Temîm, de la tribu de Temîm et lieutenant d’Ibn-Mocatel à Tunis, se révolta contre lui, et obtint des chefs et soldats, tant syriens que khoraçanites, le serment d’obéissance. Vers le milieu du mois de Ramadan de l’an 183 (octobre 799), Temmam marcha sur Cairouan, et Ibn-Mocatel sortit afin de lui livrer bataille aux environs de Monïa-t-el-Kheil. Après un combat acharné, Ibn-Mocatel fut défait, et étant rentré à Cairouan, le mercredi 25 Ramadan, il obtint de Temmam la promesse que sa vie et ses biens seraient respectés, à la condition, toutefois, de quitter le pays. Il partit la même nuit pour Tripoli, d’où il se rendit à Sort ; puis il revint à Tripoli sur l’invitation écrite de quelques khoraçanites. En même temps Ibn-el-Aghleb, mécontent de la conduite de Temmam envers Ibn-Mocatel, partit du Zab pour le combattre. A la nouvelle de son approche, Temmam évacua Cairouan et lui permit d’y faire son entrée. Ibn-el-Aghleb monta alors en chaire, dans la grande mosquée, et déclara au peuple qu’Ibn-Mocatel était encore leur maître. Il écrivit ensuite à cet officier et le ramena dans la ville.

Temmam se mit alors en correspondance avec les gens [de guerre], afin de les indisposer contre Ibn-Mocatel, et étant parvenu à réunir une troupe nombreuse, il se flatta de pouvoir renverser de nouveau ce gouverneur. Sous l’influence de cette idée, il lui adressa la lettre suivante : « Ibrahîm-Ibn-el-Aghleb ne t’a pas rétabli au pouvoir par reconnaissance pour les bienfaits dont tu l’as comblé, ni par cet esprit de fidélité dont il fait parade ; mais bien dans la crainte qu’en apprenant qu’il est maître du pays,

  1. Ibn-Mocatel dirigea un corps de troupes contre ce rebelle qui, voyant ses partisans prendre la fuite, se réfugia dans un mesdjid, ou oratoire, d’où il fut arraché et mis à mort. — (Ibn-Khaldoun ; Ibn-el-Athîr.)