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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/532

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APPENDICE.

enfin, la résolution de s’insurger, et elles trouvèrent bientôt une occasion favorable pour l’accomplissement de leur projet : Zîadet-Allah avait donné le commandement d’El-Casrein et les cantons voisins à Omar-Ibn-Moaouïa-el-Caïsi, l’un des plus braves membres de la milice, homme distingué par son rang et par sa naissance. Cet officier commença par occuper les environs d’El-Casrein et se mit alors en rébellion ouverte, Zîadet-Allah envoya contre lui un client de son père, nommé Abou-Haroun-Mouça auquel il venait de confier le gouvernement de Cairouan. Mouça assiégea Omar pendant quelques jours, le contraignit de se rendre à discrétion et l’envoya avec ses deux fils, Habbab et Soknan, à Zîadet-Allah. Ce prince les fit enfermer dans la maison de son cousin Ghalboun et, le même jour, il les fit enfermer dans la prison d’état où ils furent mis à mort par son ordre.

Mansour-Ibn-Nasr-et-Tonbodi, descendant de Doreid-Ibn-es-Simma[1] et gouverneur de Tripoli, apprit cette nouvelle avec la plus vive indignation et s’écria : « O enfants de Temîm ! si vous me soutenez, j’aurai pour appui une colonne inébranlable. » Le chef des espions[2] écrivit ces paroles à Zîadet-Allah qui destitua le gouverneur et le rappela. Mansour ne dut sa liberté qu’à l’intercession de Ghalboun qui lui portait un vif intérêt et qui parvint même à le raccommoder avec le prince. Mansour passa ensuite quelques jours à la cour de Zîadet-Allah et, ayant réussi à dissiper les justes préventions que ce souverain nourrissait contre lui, il obtint la permission d’aller à Tunis. Arrivé à Tonboda, château qu’il possédait dans la province d’El-Mohammedïa et auquel il devait son titre de Tonbodi, il s’y arrêta et ouvrit une correspondance avec les chefs de la milice. Leur rappelant les

  1. Doreid-Ibn-es-Simma, célèbre poète arabe, fut tué à la bataille de Honain, en combattant contre Mahomet. — (Voyez l’histoire de sa vie dans l’Essai de M. C. de Perceval.)
  2. Le chef des espions ; en arabe : Sahab-el-Khaber (le chef des nouvelles). Les Abbacides tenaient un de ces officiers dans tous leurs chefs-lieux d’arrondissement. El-Hariri, l’auteur des célèbres Macama, remplit ces fonctions à Mechan. — (Voyez ma traduction d’Ibn-Khallikan, tom. II, page 496.)