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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/540

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APPENDICE.

décèle un sentiment peu noble ; tu aurais mieux fait d’agir autrement. » A cette observation, elle répondit : « Oui, mon fils ! je ferai une chose qui te plaira et dont on nous applaudira. » Alors elle envoya à la sœur d’Amer une riche pelisse, de l’argent et d’autres objets précieux, lui donnant, en même temps, tant de marques de bienveillance qu’elle dissipa toutes ses craintes.

§ XLI. — RÈGNE D’ABOU-EICAL-EL-AGHLEB, FILS D’IBRAHÎM-IBN-EL-AGHLEB.

A la mort de Zîadet-Allah, dit notre historien, l’autorité passa à son frère Abou-Eical, surnommé Khazer. Lors de l’avènement de Zîadet-Allah, il avait ressenti de vives inquiétudes, attendu qu’il était le frère germain d’Abd-Allah-Ibn-el-Aghleb [dont Zîadet-Allah avait eu à se plaindre] et il craignait qu’à cause de son frère, le nouveau souverain ne s’en prît à lui-même. Ayant donc obtenu la permission de faire le pèlerinage, il emmena avec lui les deux fils de son frère Abd-Allah, Mohammed et Ibrahîm. Après avoir accompli ce devoir religieux, il se fixa en Égypte et, au bout de quelque temps, il reçut de Zîadet-Allah une lettre dans laquelle ce prince demandait son amitié. Ceci le décida à rentrer en Ifrîkïa où son frère le reçut non-seulement avec honneur et bienveillance, mais encore lui confia l’administration de l’empire. La mort de Zîadet-Allah survint, et toute l’autorité passa entre les mains d’Abou-Eical. Aucune guerre n’eut lieu pendant son règne. Il traita les milices avec bonté et dissipa toutes leurs appréhensions ; il abolit les taxes nouvelles[1] imaginées par les administrateurs des provinces, auxquels il assigna un salaire convenable ainsi que de fortes gratifications ; les empêchant ainsi de porter la main sur le bien d’autrui et d’agir comme ils avaient coutume de le faire précédemment. Il proscrivit aussi l’usage du vin (nebîd) à Cairouan. Ce prince mourut

  1. Le mot Ahdath signifie innovations ; il s’emploie pour désigner les impôts qui ne sont pas autorisés par la loi. — (Voyez ma traduction d’Ibn-Khallikan, tom. I, page 539, note 2.)