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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/546

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APPENDICE.

240 (854-5). Sahnoun avait rempli à Cairouan les fonctions de Nader-fi-’l-Madalem (magistrat chargé de protéger le peuple contre la tyrannie des grands). Il fut enterré dans le cimetière situé en dehors de la porte de Nafê. L’historien raconte ensuite que Mohammed-Ibn-el-Aghleb mourut le lundi, 2 du mois de Moharrem de l’an 242 (mai 856), après un règne de quinze ans, huit mois et quelques jours.

§ XLIII. — RÈGNE D’ABOU-IBRAHÎM-AHMED, FILS DE MOHAMMED, FILS D’EL-AGHLEB, FILS D’IBRAHÎM, FILS D’EL-AGHLEB.

Mohammed-Ibn-el-Aghleb eut pour successeur son fils Ahmed. Aucun événement fâcheux ne vint interrompre la tranquillité dont le pays jouit sous le règne de ce prince, à l’exception, toutefois, d’un soulèvement des tribus berbères, aux environs de Tripoli. Abd-Allah-Ibn-Mohammed-Ibn-el-Aghleb, le gouverneur de cette ville, leur avait déjà livré plusieurs combats avant d’en écrire à Abou-Ibrahîm, et les troupes que celui-ci lui envoya le mirent en état de continuer les hostilités. A la suite de plusieurs rencontres dans lesquelles chaque côté déploya beaucoup d’acharnement, les Berbères furent mis en pleine déroute et une grande partie des fuyards fut taillée en pièces[1].

De vastes constructions dans différents endroits de l’Ifrîkïa conservent encore le souvenir d’Abou-Ibrahîm : tel est le grand madjel à [la porte de Cairouan appelée] Bab-Tunis ; le mot majel signifie citerne[2] ; la fenêtre de la mosquée de Cairouan ; les

  1. Ibn-el-Athîr place cette révolte en l’an 245 (859-860). Les Berbères s’étaient d’abord refusés d’acquitter la dîme et l’aumône légale. Le gouverneur de Tripoli voulut les y contraindre, mais il se trouva bientôt obligé de s’enfermer dans la ville. Abou-Ibrahîm-Ahmed envoya son frère Zîadet-Allah à la tête d’une armée pour châtier les rebelles. Dans la bataille qui eut lieu, ceux-ci perdirent beaucoup de monde, tant en tués qu’en prisonniers. Zîadet-Allah fit trancher la tête aux derniers, et reçut la soumission des insurgés qui donnèrent des ôtages pour l’assurer de leur obéissance.
  2. Shaw a remarqué cette citerne ; elle est à deux cents mètres de la ville. Selon l’auteur du Baïan la construction de ce réservoir fut achevée en l’an 248 (863).