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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/554

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APPENDICE.

lieu dans lequel ils succombèrent[1]. Cet événement eut pour résultat final la chute de la dynastie aghlebide ; en effet, le peuple de Belezma avait soumis les Ketama et les traitait comme des esclaves, les obligeant à payer la dîme et les aumônes légales ; mais la conduite d’Ibrahîm envers les oppresseurs des Ketama délivra ceux-ci de la tyrannie qui les accablait et les mit en état de pouvoir prêter, plus tard, un appui efficace au Chîite [précurseur des Fatemides]. La même année, Ibrahîm acheta et habilla des esclaves nègres, au nombre de cent mille, et les plaça sous les ordres des [eunuques] Meimoun et Rached auxquels il confia la garde du palais. Vers la même époque, le chambellan Ibn-es-Samsema avec ses frères et ses parents furent mis à mort par l’ordre d’Ibrahîm. L’officier qui le remplaça et qui se nommait El-Hacen-Ibn-Naked, avait exercé d’autres charges, dont l’une était le gouvernement de l’île de Sicile. La même année, au mois de Redjeb, des troubles éclatèrent dans la province d’Ifrîkïa : Tunis, la péninsule de Cherîk, le pays de Satfoura et les villes de Bédja, Camouda et Laribus se révoltèrent contre Ibrahîm ; mais les chefs de l’insurrection se tinrent chacun dans son territoire au lieu de réunir leurs forces contre l’ennemi commun. De toute la province, il ne restait à Ibrahîm que les districts situés sur la côte orientale. Frappé du danger qui le menaçait, il entoura Raccada d’un retranchement, et après avoir appelé auprès de lui les personnes sur lesquelles il pouvait compter et les nègres qu’il avait au château, il fit venir un cheikh de la tribu des Beni-Amer-Ibn-Nafê et lui demanda son avis. Cet homme lui répondit : « S’ils s’empressent d’agir contre toi sans attendre jusqu’à ce que la dissension se mette dans leurs conseils, je crains qu’ils ne te fassent beaucoup de mal ; mais, s’ils tardent à agir, tu pourras en faire tout ce que tu voudras. » Quand le cheikh se retira, Ibrahîm dit à son fils Abou-’l-Abbas : « Vas l’enfermer chez toi ; il faut empêcher que ce conseil ne se

  1. L’auteur du Baïan, qui place ce massacre en l’an 280, nous apprend que ces gens de Belezma étaient d’origine arabe, les uns descendants des premiers conquérants, et les autres des anciens miliciens.