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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/559

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EN-NOWEIRI.

les infidèles en pleine déroute, les passèrent au fil de l’épée, les poursuivirent jusqu’aux vallées et aux cîmes des montagnes pendant qu’Ibrahîm et ses compagnons pénétrèrent dans la ville, exterminèrent une partie des habitants et firent le reste prisonnier. Il envoya alors son petit-fils Zîadet-Allah contre le château de Tîfech[1], et son fils Abou-’l-Aghleb contre Demonich (Val Demona). L’armée musulmane trouva ces forteresses évacuées et s’empara de tout ce que les habitants n’avaient pu emporter dans leur fuite précipitée. Ibrahîm fit marcher Abou-’l-Hodjr, son autre fils, contre Rametta. Les habitants de cette ville obtinrent leur grâce en se soumettant à payer la capitation. Son général Sâdoun-el-Djeloui somma le peuple de Lebedj (Aci Reale) de se rendre, et bien qu’ils lui offrirent de payer la capitation, il ne voulut point accorder la paix jusqu’à ce qu’ils eussent livré leurs châteaux. Quand il se trouva maître de ces forteresses, il les abattit et en fit jeter les matériaux à la mer. L’armée musulmane se dirigea ensuite vers Messine et, après y avoir passé trois jours, elle partit avec Ibrahîm pour envahir la Calabre. Arrivé dans ce pays, le 26 de Ramadan, il s’approcha de la ville de Kasta[2] dont les députés vinrent au-devant de lui solliciter la paix. Il se refusa à leur prière, et fit avancer son armée ; mais il resta lui-même avec l’arrière-garde, à cause d’une indisposition dont il venait d’être attaqué. Les troupes allèrent camper sur le bord de la rivière, et le 24 du mois de Choual, Ibrahîm leur donna l’ordre de marcher en avant et assigna à chacun de ses fils et à ses officiers principaux leurs différents postes pour l’attaque. On se disposait à donner l’assaut de tous les côtés à la fois, et les catapultes venaient d’être dressées, quand la maladie interne dont Ibrahîm souffrait prit subitement une grande intensité ; le râle de la mort se déclara, et ses compagnons perdirent tout espoir de le sauver. Sous l’empire de ces circonstances, ils se décidèrent secrètement à confier le commandement à Zîadet-Allah, fils

  1. Variante : Bîkech.
  2. Il faut sans doute lire Kasna, qui n’est autre qu’une altération du nom Cosenza.
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