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XLVIII
INTRODUCTION.

régent Omar-Ibn-Abd-Allah. » — « Il me demanda, dans cette séance, des renseignements sur Bougie, et comme il laissait entrevoir le désir de s’en emparer, je lui montrai combien cela lui serait facile. Mes paroles lui firent un vif plaisir, et le lendemain il ordonna ma mise en liberté. Je me rendis aussitôt au couvent du cheikh Abou-Medîn [à une demi-lieue de Tlemcen], heureux d’échapper au tracas des affaires mondaines et de pouvoir me consacrer à l’étude aussi longtemps qu’on me laisserait tranquille. »

Le sultan Abd-el-Azîz ayant occupé Tlemcen, résolut de faire poursuivre Abou-Hammou jusque dans le Désert, et il donna l’ordre de réunir un corps de cavaliers arabes à cet effet. Se rappelant alors l’influence qu’exerçait Ibn-Khaldoun sur les tribus rîahides, il se décida à l’envoyer chez ces peuplades afin de les rallier au parti des Mérinides. Notre auteur était maintenant installé dans le ribat ou couvent d’Abou-Medîn, avec la résolution de renoncer au monde ; il avait même commencé à enseigner les jeunes élèves de cet établissement, quand il reçut du sultan l’invitation de se rendre à la cour. Il y fut accueilli avec une telle bonté qu’il ne put refuser la mission dont le prince voulut le charger, et, dans le mois d’août 1370, il partit pour sa destination, muni de lettres de recommandation et de pleins pouvoirs. Sans retracer ici ses démarches auprès des chefs arabes, nous dirons seulement qu’il les gagna complètement et que par ses renseignements et habiles dispositions, il procura au vizir mérinide, Abou-Bekr-Ibn-Ghazi, l’occasion de surprendre Abou-Hammou dans le Zab et de lui enlever ses bagages et ses trésors. Le prince abd-el-ouadite s’échappa à la faveur de la nuit pendant que ses fils et les dames de sa famille se dispersaient dans toutes les directions. Ce ne fut qu’aux bourgades de Mozab qu’il parvint à les rallier autour de lui, et bientôt après, il alla se réfugier à Tîgourarîn, un des oasis les plus reculés du Désert. Ibn-Khaldoun passa quelques jours à Biskera, au sein de sa famille, et rentra ensuite à Tlemcen où le sultan Abd-el-Azîz l’accueillit avec la plus grande distinction.

Nous avons déjà parlé des Hosein, tribu remuante qui se plai-