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ABOU-YAHYA-ABOU-BEKR LE HAFSIDE.

(1319), lors de la mort de ce fonctionnaire, le sultan porta ses regards vers les frontières de son empire et plaça la ville de Bougie sous le commandement de son fils, l'émir Abou-Zékérïa, auquel il donna Ibn-el-Caloun pour chambellan. Ayant ainsi pourvu à la sûreté de cette forteresse, il nomma un autre de ses fils, l’émir Abou-Abd-Allah, au gouvernement de Constantine et lui adjoignit Ahmed-Ibn-Yacîn [en qualité de ministre]. Les deux frères quittèrent Tunis en l'an 720, et chacun d’eux alla s’établir dans le siège de son commandement. Quelque temps après, Dafer-el-Kebîr revint du Maghreb et fut désigné par le sultan comme chambellan du prince de Constantine. Il remplit les fonctions de cette place jusqu’à l’an 727, quand il fut tué auprès de Temzezdekt, ainsi que nous l’avons dit[1] Le secrétaire Abou-’l-Cacem-Ibn-Abd-el-Azîz, partit de Tunis pour le remplacer, mais, au bout d’une quarantaine de jours, il revint à la capitale. Le sultan confia alors cette charge à Ibn-Séïd-en-Nas, en l’autorisant de conserver la place de chambellan qu’il remplissait à Bougie et de se faire représenter à Constantine par l’affranchi Hilal, qui venait d’abandonner le service du général abd-el-ouadite Mouça-Ibn-Ali. Hilal fut renvoyé par l’émir Abou-Abd-Allah après la chute d’Ibn-Séïd-en-Nas : son maître, qui était alors parvenu à l’âge viril, ayant voulu diriger par lui-méme l’administration de la province. Le sultan donna son approbation à ce changement et, dès lors, il prit l’habitude de consulter son fils sur ses propres affaires et de l’admettre à des entretiens secrets. Vers cette époque, il envoya à Constantine un affranchi d’origine chrétienne nommé Nebil.

En l’an 734 (1333-4), Dafer-es-Sinan fut appelé de Tunis par Abou-Abd-Allah pour prendre la direction des affaires civiles et militaires, mais, à l’expiration de dix-huit mois, il rentra dans la capitale après avoir remis à Nebîl la place de chambellan. Yaïch, ancien serviteur de la famille royale, fut ensuite envoyé à Constantine pour commander les troupes et défendre le territoire de la province ; partageant ainsi avec Nebîl les divers services de

  1. Voy. tome II, page 465.