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HISTOIRE DES BERBÈRES.

premier de cette maison qui exerça le commandement. Ouchah, dit le même généalogiste, était fils de Tamel, et ses descendants formaient deux familles, les Beni-Hacen et les Beni-Youçof. De cette manière, Bassan-lbn-Bedjrès, Moulahem, Omar et Abou-Allan appartiennent tous à la famille des Beni-Hacen, et Mohammed-Ibn-Ahmed-Ibn-Ouchah est de la famille des Beni-Youçof. Ces indications ne s’accordent pas avec celles qui précèdent, et Dieu seul en sait l’exactitude.

Quant à Nefzaoua et aux cantons de Castîlïa, on les considère maintenant comme dépendances de Touzer. Ils consistent en un grand nombre de villages, peu éloignés les uns des autres et situés au sud-est de Touzer, ville dont ils sont séparés par la fameuse sibkha[1] dont la traversée est si dangereuse et qu’on ne doit pas essayer de passer à moins de suivre une ligne de route qui est indiquée par des poutres dressées [de distance en distance]. Quelquefois le voyageur qui s’y aventure s’écarte du chemin et périt englouti.

Ces villages ont pour habitants quelques débris de la tribu de Nefzaoua, branche de la souche des Berbères-Botr. Ils y sont restés depuis la ruine de leur peuple et l’empiétement des Arabes sur les territoires appartenant aux populations berbères. Ils ont chez eux des confédérés d’origine franque dont les ancêtres vinrent de Sardaigne. Ceux-ci s’y établirent d’abord comme [chrétiens] tributaires, payant la capitation, et leurs descendants y restent encore. Des Arabes, appartenant les uns à la tribu d’Es-Cherîd et les autres à celle de Zoghb, famille soleimide, sont ensuite venus s’établir chez eux, parce qu’ils n’avaient plus assez de moyens pour mener la vie de nomades. Ils y ont acquis des terres et des eaux. Leur nombre a fini même par surpasser celui des Nefzaoua, de sorte qu’ils forment, à présent, la majorité de la population. Les Nefzaoua n’ont pas de chef spécial, vu leur faiblesse numérique, et ils restent pour l’ordinaire, eux et leur pays sous la juridiction de Touzer. Aujourd’hui, le commandement de

  1. Voy. t. I, p. CIV.