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LES BENI-MEKKI. 163

toute particulière et l'emmena avec lui à Tunis. Abd-el-Mélek-Ibn-Mekki, l’autre frère, vint alors pour offrir ses hommages au même sultan et en fut accueillit très grâcieusement. Ils obtinrent, à cette occasion, leur confirmation dans les gouvernements de Cabes et de Djerba et, au moment de leur départ, ils reçurent encore de grands témoignages de faveur.
Quand Abou-’l-Hacen rentra à Tunis, après le désastre de Cairouan, Ahmed-Ibn-Mekki vint lui renouveler l'assurance de sa fidélité. Le sultan l’invita alors, ainsi que son frère, à soutenir Abd-el-Ouahed-Ibn-el-Lihyani qu’ils avaient autrefois reconnu pour souverain et auquel le gouvernement mérinide venait d’accorder le commandement des places fortes de la province de Tripoli, après l'avoir installé dans Djerba. Ils eurent aussi l’ordre d’obéir à ce prince, tant qu’il resterait fidèle au sultan, son protecteur.
Rentré a Tunis et abandonné par Ibn-Tafraguîn, le sultan mérinide jugea nécessaire de se réconcilier avec Abou-'l-Cacem-Ibn-Ottou, cheikh des Almohades, le même qu’il avait fait mutiler après la défaite du sultan Abou-Hafs-Omar, et, pour se l’attacher davantage, il lui accorda le gouvernement de Touzer et de Castîlïa. Un motif semblable l’avait porté à placer Cabes et Djerba sous le commandement d’Abd-el-Ouahed-lbn-el-Lihyani. Les deux fils Mekki furent très mécontents de cet arrangement et, en l’an 749 (1348-9), quand Abd-el-Ouahed mourut de la peste à Djerba, ils répudièrent la domination mérinide. Ayant alors invité les autres chefs du Djerid à suivre leur exemple, ils proclamèrent sultan l’émir El Fadl[1], fils d’Abou-Yahya-Abou-Bekr. Cette démonstration eut lieu en 750, après que ce prince eut levé le siège de Tunis. Ibn-Ottou qui, à cette époque, n’était plus vizir, se laissa facilement gagner à la même cause. Cette révolte contribua beaucoup au découragement du sultan Abou-’l-Hacen et à son intention d’évacuer l’Ifrîkïa.
Le chambellan Abou-Mohammed-Ibn-Tafraguîn, qui était

  1. Dans le texte arabe, le copiste a écrit, par erreur, El-Afdel.