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LES BENI-MEKKI. 165

pédia aussi une ambassade, afin d’obtenir sa grâce en faisait rappeler à ce monarque les services qu’il lui avait rendus autrefois. Abou-Einan accueillit sa prière et ferma les yeux sur le passé. Ensuite, en l’an 754 (1353)[1] l’ennemi [chrétien], que Dieu confonde ! s’empara de Tripoli, et Ibn-Mekki fit prier Abou-Einan de lui fournir de quoi racheter cette place, une des forteresses musulmanes les plus dignes de son haut intérêt. Le sultan lui répondit par l’envoi de cinq charges d’or tirées du trésor public et dont il confia le transport au prédicateur Abou-Abd-Allah-Ibn-Merzouc, un des premiers personnages de sa cour, assisté par Abou-Abd-Allah-Mohammed, petit-fils d’Abou-Ali-Omar-Ibn-Séïd-en-Nas. Il accorda, en même temps à Ahmed-Ibn-Mekki l’autorisation de prendre le commandement de Tripoli, et il confirma Abd-el-Mélek-Ibn-Mekki dans le gouvernement de Cabes et de Djerba. Ces deux chefs lui restèrent fidèles. En l’an 757 (1356), Ahmed-Ibn-Mekki s’empara de Sfax. Quelque temps avant la mort d’Abou-Einan, Ibn-Tafraguîn, qui se trouvait alors maître de Tunis, avait conçu une antipathie extrême pour les frères Mekki dont il se méfiait beaucoup. A la suite de plusieurs expéditions, tant par mer que par terre, il réussit, vers l’an 764 (1362-3), à leur enlever l’île de Djerba. Son fils, Abou-Abd-Allah-Mohammed, en obtint le gouvernement et y établit comme lieutenant son secrétaire, Mohammed-Ibn-Abi-’l-Cacem-Ibn-Abi-’l-Oloun, homme qui avait passé sa vie dans le service de l’empire. En 766 (1364-5), Ibn-Tafraguîn mourut à Tunis, et la mort d’Ahmed-Ibn-Mekki suivit bientôt la sienne. On aurait dit que ces deux hommes distingués s’étaient donné rendez-vous au tombeau et qu’ils y étaient arrivés à la fois. Abd-er-Rahman, fils d’Ahmed-Ibn-Mekki, conserva le gouvernement de Tripoli et y demeura sous la tutèle de Dafer, affranchi européen appartenant à sa famille. Dafer mourut peu de

  1. Ci-devant, page 52, l’auteur dit que la prise de Tripoli eut lieu en l'an 755.