Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 3.djvu/193

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quatre cent cinquante ans après David, et Caïs, son descendant au cinquième degré, dut nécessairement vivre à une époque encore plus récente. Comment David aurait-il donc pu tuer Goliath, fait constaté par le Coran, si Goliath avait été le déscendant au dixième degré de Caïs ? Quand Ibn-Coteiba rattacha la généalogie de Goliath à celle des Berbères, en le représentant comme un descendant, soit de Madghis, soit de Sefek, il commet encore une erreur. Il se trompe de nouveau en le faisant appartenir à la race amalécite. Nous savons que Goliath était philistin et que les Philistins étaient les enfants de Caslouhim, fils de Mésraïm, fils de Cham, fils de Noë[1]. Dans notre chapitre sur la filiation des enfants de Cham, nous avons mentionné que les Coptes, les Berbères, les Abyssins et les Nubiens sont frères des Philistins. Il y avait des guerres fréquentes entre ceux-ci et les Israélites, et il se trouvait en Syrie beaucoup de Berbères et d’autres descendants de Canaan, tous frères de Philistins et tous empressés à imiter leur conduite (La race des Philistins et celle de Canaan sont maintenant éteintes, mais celle des Berbères reste). La Palestine fut ainsi nommée parce qu’elle avait appartenu aux Philistins. En entendant mentionner le nom des Berbères avec celui de Goliath, l'on s’était imaginé que ce chef était berbère, ce qui n’est pas exact.

Quant à l’opinion des généalogistes zenatiens qui supposent que les Zenata descendent de Himyer, elle est repoussée par les deux grands rapporteurs de traditions historiques, Abou-Omar-Ibn-Abd-el-Berr[2] et Abou-Moharomed-Ibn-Hazm. Celui-ci « Les Himyerites ne se sont jamais rendus en Maghreb que dans les récits mensongers des historiens yéménites. » En voulant rattacher leur nation aux Himyerites, les généalogistes zenatiens ont eu pour motif le désir de répudier toute liaison avec la souche berbère, parce qu’ils virent les peuples de cette race réduits au rang d’esclaves tributaires et chargés du poids des impôts (kharadj)

  1. Genèse, X, et Paralip, I.
  2. Voy. t. 1, p. 174, note.